« Les mardis du musée »

Musée d’Orange

« Nouvelles données sur le théâtre d’Orange : le suivi archéologique des restaurations (2018/2019) »

Tous les secrets du mur de scène vous seront dévoilés par S. Dubourg et A. Badie, architectes archéologues, de l’Institut de Recherche sur l’Architecture Antique.

Le théâtre fut construit sous le règne d’Auguste, au pied de la colline Saint-Eutrope qui domine la ville d’Orange. Il se distingue de la plupart des autres théâtres antiques par l’état de conservation de son bâtiment de scène qui n’a pas d’équivalent dans tout l’Occident romain ; en Orient seuls ceux des théâtres de Bosra en Syrie et d’Aspendos en Turquie s’en approchent. C’est ce bâtiment de scène, long de 104 mètres et haut de 35 mètres, qui fait actuellement l’objet d’une mise en sécurité. Les échafaudages constituent une opportunité exceptionnelle pour étudier les parties inaccessibles de l’édifice. D’octobre 2018 à Avril 2019 c’est la grande façade intérieure, « le front de scène », qui a fait l’objet d’une étude archéologique..

Les façades extérieures, comme les murs le long des gradins ne furent pas entièrement ravalés. Leur parement, laissé plus ou moins brut, présentait une sorte d’appareil à bossage. À l’intérieur du théâtre, cinq ordres architecturaux constituaient le décor du front de scène qui fut entièrement plaqué en marbre ainsi que l’attestent des vestiges d’un épais mortier de pose et des centaines de cavités qui recevaient les scellements des placages. Entre les pilastres ou les colonnes adossées au mur de scène, les placages dessinaient des panneaux dont la restitution des motifs est en cours. L’ensemble des ordres libres et des décors plaqués créait une façade très animée, avec des jeux d’avancées et de retraits variables suivant les étages.
De multiples indices témoignent de remaniements. Quelle fut la chronologie de ces transformations ? C’est ce que nous tentons de déterminer par l’analyse des élévations. Il faut considérer les différentes réfections comme le témoignage d’un bâtiment vivant, longuement utilisé, parfois simplement entretenu, parfois plus lourdement restauré, ou encore transformé. En ce sens l’histoire passée du théâtre n’est pas si éloignée de l’histoire récente de ses restaurations.