Aujourd’hui, nous commémorons nos soldats tombés au champ d’honneur en Indochine.
Vous le savez, à Orange, cette cérémonie a toujours eu une place particulière du fait de la présence un demi-siècle durant du Royal Etranger au sein des murs de notre cité.
Engagé tout au long du conflit, de 1946 à 1954, la Légion étrangère est le corps d’armée comprenant le plus de soldats d’infanterie durant le conflit indochinois. Elle est souvent en première ligne lors des batailles ou bien apporte le savoir logistique et technique qui font sa réputation.
En tout, 307 officiers, 1 082 sous-officiers et 9 092 soldats de la Légion sont tués ou décédés à la suite de leur blessures en Indochine entre 1946 et 1954.
C’est le bilan le plus lourd pour la Légion au cours d’une guerre, devant la Première Guerre mondiale.
Ces chiffres, un peu froid, nous permettent à peine d’appréhender intellectuellement le sacrifice de ces hommes, et le déchirement d’abandonner une terre et des peuples nourris du sang des soldats de ce qui représentait encore l’Empire français.
Le destin de ces centurions, narré dans les romans de Jean Lartéguy, conduira les survivants de cette guerre ô combien cruelle vers les camps Viet-Minh où des communistes français torturaient eux-mêmes leurs compatriotes. Souvenez-vous du monstre Georges Boudarel, le tristement célèbre commissaire politique du camp 113.
Durant l’année de son activité au camp 113, Boudarel reconnut lui-même un taux de mortalité atteignant les 70 %. Sur les 320 prisonniers Français, 278 moururent de mauvais traitements et de torture physique et psychologique. Lorsqu’ils débarquèrent à Marseille, les survivants, squelettes ambulants ou morts-vivants portés sur civière, furent la cible des jets de boulons, de crachats et d’injures par des dockers communistes de la CGT. Inculpé de trahison Georges Boudarel fut condamné à mort par contumace en juin 1953. Après les accords de Genève, ce tortionnaire, revint en France et fut aussitôt coopté au CNRS par ses amis communistes pour y préparer une thèse de troisième cycle d’histoire à l’université Paris VII Jussieu. Il devint maître de conférences dans cette même faculté. Les islamo-gauchistes d’aujourd’hui sont bien les dignes héritiers de leurs maîtres.
Alors, sans oublier les infamies et les responsabilités, tournons-nous plutôt vers les hommes d’honneur.
A cette même époque, PierreSchoendoerffer, fait prisonnier à Dien-Bien-Phu en mai 1953, retrouve avant de rejoindre l’Europe, son ami Jacques Chancel à Saïgon et ils évoquent à deux le terrible destin qui vient de frapper leur jeunesse et de les marquer à jamais :
Nous aurons été les victimes d’une France hésitante, peureuse, incapable de prendre la moindre décision, dit Chancel
Et Schoendoerffer de répondre : - Je n’en veux pas à l’armée de Giap qui a fait sa besogne. Vietnamiens, nous aurions été tous les deux dans ses rangs. Je m’interroge sur bien autre chose. J’ai sauté sur le camp retranché alors que tout était déjà perdu ! Pourquoi ? Quel est ce mystère qui tient l’homme et le pousse bêtement au sacrifice ? Un jeune lieutenant des paras, avant de mourir, m’a peut-être donné l’explication, il existe la grâce au bout de l’enfer, celle du don ultime pour une cause qui toujours nous dépasse.
Aujourd’hui, toujours à l’ombre des trahisons et des abandons, tout semble de nouveau perdu. Pourtant, nous aussi, nous voulons sauter sur le camp retranché parce que nous savons que le France nous dépasse et nous commande ce don de soi absolu.
Vive la France !