Discours en hommage aux Harkis
- 25 septembre 2021-
Avant de prononcer cette allocution, je vous demanderai de bien vouloir vous recueillir quelques instants en mémoire du caporal-chef Maxime Blasco du 7ème Bataillon de Chasseurs alpins, mort pour la France en opération au Mali.
Décoré de la Médaille militaire et à trois reprises de la Croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze , il est le 52ème soldat tué au combat au Sahel depuis 2013.
Cette cérémonie est l’une des plus douloureuses que j’ai le devoir de présider chaque année. Avec la célébration de l’armistice du 11 novembre, nul événement historique que la République nous commande d’honorer ne supporte autant le poids des larmes, du regret et de l’amertume.
Les Harkis sont le symbole incarné de ce qu’a été la grandeur de la France, et celui qui nous permet de mesurer l’immensité de la trahison de ceux qui ont eu à mener les destinées de notre pays.
Oui, la France a été cette nation capable d’agréger à elle d’autres peuples, de susciter leur adhésion, leur amour, et ce, souvent jusqu’au sacrifice suprême.
D’aucuns, excitées par les puissances ennemies et les idéologies antifrançaises qui mélangeaient déjà marxisme et islamisme, voulaient chasser celle qui était présentée comme la puissance coloniale honnie.
D’autres ont fait le choix sacrificiel de choisir pour patrie la France, sa culture et sa civilisation. Ils avaient souvent versé leur sang pour elle, pendant les campagnes d’Italie et de France, mais aussi au cours de la guerre d’Algérie prenant tous les risques inhérents face au terrorisme et à l’esprit de vengeance.
Qu’ont-ils reçu en retour ?
Guère mieux que les rapatriés, dont le maire de Marseille Gaston Deferre leur disait « d’aller se réadapter ailleurs » tandis que les dockers communistes tous encartés à la CGT voulaient les noyer, et à défaut, pillaient les rares biens arrachés à la ruine et à l’exil.
Les autorités républicaines d’alors, après avoir refusées d’embarquer les Harkis par air et par mer, les ont pour la plupart parqués dans des camps de transit et des hameaux de forestage, et ce pour 2, 5, 8 ou parfois même 15 ans. Des enfants sont nés dans ces camps ou ces hameaux, loin des regards indiscrets et de la honte nationale que tentaient de réparer quelques soldats d’honneur. Les mêmes, qui avaient permis l’évacuation depuis l’Algérie, sont ceux qui se sont employés une fois en métropole à remuer ciel et terre pour permettre à ces familles de pouvoir s’installer dans des conditions décentes.
Orange n’a jamais oublié cette page récente de notre histoire.
C’est en témoignage de ces souvenirs douloureux où certains n’ont pas été à la hauteur de la parole de la France que quelque-unes de nos rues portent les noms glorieux du Bachaga Boualem, de l’Armée d’Afrique, d’Hélie Denoix de Saint-Marc, ou encore du Lieutenant-colonel de La Chapelle.
Le point commun des ces grands hommes, de ces combattants qui ont placé l’honneur avant l’ordre d’infamie, est l’esprit de fidélité.
Hélie Denoix de Saint-Marc, justement, nous enseigne que « le monde temporel repose sur quelques idées très simples, si simples qu’elles doivent être aussi vieilles que lui : la croyance que le bien vaut mieux que le mal, que la loyauté l’emporte sur le mensonge et le courage sur la lâcheté... Enfin que la fidélité incarne la suprême vertu ici-bas ».
Le déporté de Buchenwald se souviendra dans les brumes matinales du camps de Zéralda de sa blessure jaune, du moment où il avait dû sur ordre du haut-commandement taper à coup de crosse sur les doigts des villageois du peuple Tho en Indochine pour les empêcher de partir avec l’armée française.
Aujourd’hui, on ne peut demander pardon si dans le même temps nous continuons d’honorer les bourreaux.
Soyons pleinement des hommes d’honneur : nous redeviendrons ainsi à la hauteur de la qualité de Français.