Restauration de l’Arc de Triomphe

Depuis l’été 2021, la levée des échafaudages ceinturant l’Arc de Triomphe a été l’occasion pour les Orangeois et les usagers de la RN7 d’admirer le lifting opéré par les restaurateurs sur ce monument emblématique de la Ville, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 40 ans. Des travaux chiffrés à plus de 1,2 millions d’euros qui concluent les lourds investissements entrepris depuis 2006 autour de la restauration du monument antique.

Après plus d’un an de travaux, heureusement peu ralentis par la crise sanitaire qui n’a quasiment pas impacté le chantier, les corniches (éléments qui forment une sorte de bandeau débordant le long des façades) protégeant l’Arc sont finalement restituées. Elles offrent une meilleure protection contre les pluies et les aléas atmosphériques (soleil, vent, pollution, etc.) à ce patrimoine exceptionnel, sur ses quatre côtés et ses deux niveaux de l’arche. Les corniches ont été remises aux endroits d’où elles avaient disparu, par le biais de moulages. Le procédé de restitution a été le même que celui de l’essai réalisé en 2014 et encore visible sur la façade sud de l’arc. « Il s’agit de mouler toutes les traces de corniches que l’on a sur l’Arc antique, on applique un silicone au pinceau et ensuite on applique du plâtre qui va permettre d’avoir des moules qui serviront à fabriquer des épreuves en plâtre pour l’ensemble des corniches, et sur ces épreuves en plâtre, on va faire toute la restitution de la décoration. Une fois que c’est terminé, on présente à l’architecte, et la deuxième phase de moulage permettra de fabriquer tous les éléments en pierre reconstituée, qui seront ensuite agrafés uniquement par des petites tiges inoxydables » détaille Jean-Loup Bouvier, sculpteur, dont l’atelier est spécialisé dans la restauration des monuments historiques et antiques. Chacun des moulages est unique car il doit s’adapter parfaitement au support sur lequel il va être fixé. Le procédé est très peu invasif pour l’Arc (on y fait le moins de percements possibles et on garde un maximum de pierres antiques). Le procédé retenu pour réaliser ces moulures a été validé par la commission nationale du patrimoine et de l’architecture (Monuments Historiques/Ministère de la Culture) à Paris en 2019. Outre la protection du Monument, les moulages permettent une harmonie entre l’authentique et l’artifice employé, jusqu’à le rendre invisible au regard non-averti grâce à l’usure volontaire des pierres reconstituées qui s’ajustent, tout autour de l’Arc de triomphe, sur environ 100 mètres linéaires.

Mais ce chantier fut aussi l’occasion de remettre en valeur le récit laissé par les sculpteurs romains sur les panneaux de pierre et qui racontent la suprématie de Rome sur les armées gauloises, lors de la campagne de Jules César, et la victoire d’Auguste sur les armées égyptienne de Marc Antoine.

Les travaux qui ont eu lieu en 2009 avaient pour but de nettoyer et de consolider l’Arc de Triomphe (enlèvement des coulures et des lichens, refixation des éléments abîmés), tandis que les travaux de 2020-2021 ont servi à protéger les sculptures qui ont plus de 2000 ans et qui nous sont parvenues dans un état de conservation exceptionnel. Désormais, les amoureux de l’Arc pourront de nouveau profiter pleinement de sa majesté renouvelée au milieu de l’avenue qui porte son nom.

P.-S.

Le Saviez-vous ?

Au Moyen Âge, le monument fut fortifié pour servir de bastion avancé à l’entrée de la ville. Ce n’est qu’en 1820 qu’Auguste Caristie commença à dégager les contreforts et les ajouts médiévaux pour reconstituer l’Arc de triomphe de manière non-agressive, en respectant la véracité historique de sa forme originale.