Hommage à Samuel Paty

Discours de Jacques Bompard, maire d’Orange et président du Pays d’Orange, dans le cadre de l’hommage national à Samuel Paty

"Le professeur Samuel Paty est mort à l’âge de 47 ans le 17 octobre 2020.
Il était le père d’un petit garçon de 5 ans. Il enseignait l’histoire, la géographie, l’éducation civique et morale, aux collégiens du Bois de l’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines.

Samuel Paty a été décapité par Abdoullakh Anzorov, islamiste de 18 ans, importé de Tchétchénie grâce à la Cour nationale du droit d’asile qui a accordé en 2011 à son père le statut de réfugié, après un premier refus de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides.

« Par ricochet », explique un magistrat, son fils a pu bénéficier du statut de réfugié et obtenir, de façon automatique, une carte de séjour de dix ans, en mars dernier, à sa majorité. Il a donc bénéficié de toutes les aides sociales disponibles, et de l’éducation nationale, depuis l’âge de ses 9 ans.

Il faut retenir 3 éléments de cet assassinat qui ne doit rien à l’acte gratuit. C’est un professeur. Il enseigne l’Histoire. Et surtout il enseigne l’histoire à des musulmans.

La cible, donc, est un professeur d’histoire, c’est-à-dire un professeur qui a charge de transmettre le savoir le plus précieux pour une nation, la savoir des ancêtres mais aussi du présent, de ce qui fait justement le ciment de cette nation, de sa capacité à être et à devenir.

Enfin, ce crime abominable a été commis dans la rue, à l’heure de sortie des classes un vendredi soir.

Samuel Paty a été décapité en public, sa tête exposée comme un trophée sur Twitter, pour le punir d’avoir dit son cours à des élèves musulmans.
Plusieurs parents de ces élèves ont mobilisé leurs réseaux pour se plaindre de l’enseignant, et agir par pression communautaire sur les autorités du collège et de l’Education nationale.

Mieux, le père d’une élève, elle-même exclue du collège au moment du cours de Samuel Paty, a porté plainte auprès du commissariat pour « diffusion d’images pornographiques » !

Mis sur le banc des accusés pendant une dizaine de jours pour avoir fait son travail, Samuel Paty a dû se justifier auprès de sa hiérarchie, de ses collègues, de la police nationale.

Il s’en est fallu de peu qu’il n’écope d’une sanction administrative ou d’un blâme, s’il n’avait choisi de porter la riposte et de retourner les plaintes à son tour contre ses accusateurs.

Nombre d’institutions, de partis et d’associations ont beau jeu de se montrer aujourd’hui solidaires de l’enseignant défunt, alors qu’hier encore elles auraient regardé Samuel Paty d’un œil torve, le suspectant de tous les péchés contemporains du prêt-à-penser.

« Ne serait-il pas finalement un tantinet islamophobe sous couvert de ses cours d’éducation civique et morale ? Au fond même, peu importe, mais qu’il cesse de nous attirer des problèmes en faisant son métier sans discernement ! »
Voilà la pensée profonde de nombres de sociaux-bureaucrates qui voient aujourd’hui en Samuel Paty un martyr, mais qui l’auraient rangé, hier encore, dans la case des suspects.

Et quel enseignant demain osera encore prendre le risque de faire son travail comme Samuel Paty ?

L’opération communautaire des islamistes « modérés » ayant échoué, temporairement du moins, Samuel Paty a de fait été condamné à mort.
Ces faits, que vous connaissez, je viens de vous les remémorer pour les mettre en perspective.

Ce nouvel attentat djihadiste intervient dans un rapport de force civilisationnel dont nous sommes identifiés, nous Français, comme les ennemis par les islamistes en tant que non musulmans.

Cela pose le problème de manière très simple.

Pour les islamistes, nous n’avons pas le choix. Nous devons être convertis ou abattus.

« La seule négociation, c’est la guerre », disait un ministre de l’Intérieur devenu président de la République. Et Gérard Collomb, à son départ de la place Beauvau, avait mis en garde : « Aujourd’hui on vit côte à côte... Je crains que demain on vive face à face. »

Je repense aussi à la déclaration du président du Conseil Pierre Mendès-France, le 12 novembre 1954, après l’assassinat des instituteurs Monnerot lors de la Toussaint Rouge : « À la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse car elle est sans injustice. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de défendre la paix intérieure de la Nation, l’unité, l’intégrité de la République. »

Oui, petit rappel historique, le premier attentat du FLN a été l’assassinat de deux enseignants et du caïd Sadok, musulman fidèle à la France.
Le combat n’a pas changé. La volonté politique doit être identique.
L’histoire, la matière de Samuel Paty, nous enseigne qu’aucune faiblesse, qu’aucun atermoiement, qu’aucune compromission, qu’aucune temporisation, ne sera efficace.

Cessons la culpabilisation totalitaire de la France et des Français.
Cette haine abjecte de ceux qui doivent tout à la France, entretenue par les médias, instillée par les officines marxistes et antinationales dans les universités, ne doit plus nourrir la honte des Français.

L’accusation tronquée d’une islamophobie imaginaire ne doit plus servir d’excuse et de mobile aux assassins, aux terroristes, aux coupeurs de têtes et de langue, et à leurs complices.

Les Français doivent retrouver le courage.

Celui de la pensée et de la parole tout d’abord. Ce courage permettra l’exercice de la liberté.

Cette liberté retrouvée doit se nourrir. Vite et en abondance. Il n’est pire autocensure que la bêtise.

Il faut donc aussi avoir le courage d’apprendre et de comprendre ce pour quoi nous nous battons, et pourquoi ils nous attaquent.
Il faut donc connaître l’histoire de France d’une part et comprendre l’islamisme dans sa longue histoire d’autre part, plutôt que de s’en tenir à l’actualité déstructurée et émotive.

Il faut enfin retrouver le courage, cette intelligence du cœur dont avait témoigné Arnaud Beltrame, de se détacher du matérialisme qui nous désarme plus sûrement que toutes les armées ennemies.
François-Xavier Bellamy le répétait dernièrement : « Les fleurs et les bougies n’ont jamais gagné une guerre. »

Nous ne sommes pas rassemblés aujourd’hui pour nous donner bonne conscience collectivement, puis nous rasseoir pénatement dans le canapé de la lâcheté et de l’oubli. Jusqu’au prochain attentat…

Non, nous sommes là aujourd’hui pour affirmer haut et clair notre renaissance, celle qui s’accomplit inévitablement dans la douleur et le devoir.
Aujourd’hui, nous entamons la longue marche de ceux qui ne cèdent pas à la barbarie islamiste comme jamais l’Europe, dans son histoire millénaire, n’y a cédé, depuis Poitiers jusqu’aux portes de Vienne.
Samuel Paty était professeur d’histoire. Il est devenu de par la main de son bourreau martyr de l’histoire de France.

C’est cette même histoire qui nous jugera tous !

Honneur à Samuel Paty !"