11 novembre 2020 : Le Maire rend hommage aux morts pour la France

Chers amis,

A tout bien tout honneur, je tiens en premier lieu à mettre en exergue le travail, quelque peu isolé dans un monde de l’instantané et de l’oubli, du Souvenir français. La Ville d’Orange a toujours soutenu cette association d’intérêt national qui entretient avec vigilance, abnégation et persévérance les sépulture de nos soldats de toutes les guerres. J’attire votre attention et votre générosité vers la délégation orangeoise qui accomplit un travail extraordinaire en collaboration avec les services de la Ville pour veiller sur les monuments et tombeaux de ceux qui ont donné leur vie pour la patrie.

La commémoration séculaire de l’Armistice est devenu un hommage national à tous les morts pour la France. Qu’est-ce donc qu’un mort pour la France en 2020 ?

Il y a un siècle, ouvriers et paysans français se sont retrouvés coude à coude dans les tranchées pour défendre le sol sacré de la Patrie. Quel enseignement, quel devoir doit-il découler de ce don suprême ?

Est-ce un simple épisode de l’histoire sur lequel l’habitude nous commande de nous pencher respectueusement pour sortir les drapeaux tricolores de la naphtaline et nous donner l’illusion collective que nous faisons encore nation ?

Est-ce une tolérance libérale que de nous laisser commémorer, c’est-à-dire nous rappeler ensemble, qu’il fût un temps où le patriotisme n’était pas une insulte, qu’il a été au contraire l’instinct de survie collectif qui a permis le salut de la France face aux agressions de l’étranger ?

Est-il besoin d’évoquer l’importance capitale du 11 novembre dans la mémoire collective ?
Défait en juin 1940, la France sort de sa torpeur à la veille du 11 novembre quand les autorités d’occupation déclarent «  prohibée sous toutes ses formes l’expression d’un souvenir insultant pour le Reich et attentatoire à l’honneur de la Wehrmacht  ». Plus de 5 000 étudiants et lycéens se dressent alors contre ce diktat de l’occupant et se réunissent spontanément sous l’Arc de Triomphe pour rallumer la flamme du Soldat inconnu.

C’est cette flamme aujourd’hui qui doit parvenir jusqu’à nous. Nous devons l’approcher suffisamment de nous pour qu’elle fasse fondre les mauvaises graisses du matérialisme, qu’elle nous éclaire dans l’obscurité de la trahison, pour qu’enfin elle puisse nous redonner l’espoir d’abattre les rêves mortifères de l’ennemi qui aimeraient nous voir disparaître dans la glaise des champs de bataille spirituels. Allons réchauffer nos cœurs refroidis et nos paumes amollis au feu sacré.

Souvenons-nous que nous sommes les descendants de ces ouvriers et paysans aux tenues horizon qui, après avoir baptisé les labours de leur sueur, y ont versé leur sang.
Notre unique héritage, c’est leur sang de sédentaire, celui qui a abreuvé le sol sacré, décuplé sa valeur par l’immense prix du sacrifice.

Oui, ces Français sont morts parce qu’ils étaient Français. Ils savaient ce que cela coûtait et commandait.

Etait-ce vain ? Cela pourrait l’être si nous trahissons le don suprême de nos a-ïeux. Il ne le faut pas. Si le souvenir subsiste ne serait-ce que par l’un d’entre nous, rien n’est perdu.

Pris dans le chaos de la débâcle, le capitaine Antoine de Saint-Exupéry écrit en 1940 sur les routes de France : « une foule en vrac, s’il est une seule conscience où déjà elle se noue, n’est plus en vrac. Les pierres du chantier ne sont en vrac qu’en apparence, s’il est, perdu dans le chantier, un homme, serait-il seul, qui pense cathédrale. » Et il affirme plus loin, « quiconque porte dans le cœur une cathédrale à bâtir est déjà vainqueur ».

Le sang de nos héros est semence. Il est communion.
Ne soyons pas les sacristains du Souvenir. N’asséchons pas le sang sacré dans la poussière de l’histoire.
Au contraire, aimons-le. Agissons. Soyons vainqueurs. Bâtissons les nouvelles cathédrales.
Clamons à la face du monde que nous ne sommes pas morts. Grâce à eux. Grâce à ceux de Verdun, de la Somme, de la Marne, du Chemin des Dames, des Dardanelles. Grâce à tous ceux qui donnent encore leur sang pour la France.

Soyons digne de leur amour. Soyons digne de la patrie.

Vive la France